Homélie V Dim T.P.
Sur Saint Joseph – F. Jean-Yves, fsj
Homélie - Evangile selon St Jean (15, 1-8)
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Chers frères et sœurs,
Une fois n’est pas coutume, je ne vais pas prêcher sur l’Evangile, je voudrais aujourd’hui vous parler de Saint Joseph. Hier, nous le fêtions sous le vocable de Saint Joseph travailleur, mais surtout, comme vous le savez, le Pape François nous l’a donné à redécouvrir pour toute cette année.
Mais avant d’aller plus loin, je veux vous faire part d’une crainte. J’ai un peu peur que certains d’entre nous, nous ayons un peu de mal avec les saints… Oh bien sûr pas fondamentalement, qu’il y ait au Ciel des saints, pas de problème… mais par contre, prier Saint Gudule, Ste Rita et St Antoine parce que j’ai perdu mon téléphone… très peu pour moi. Il faudrait un saint pour les places de parking, une sainte pour le beau temps, un autre pour les examens etc… Alors, est-ce que les saints ne sont que pour les grenouilles de bénitier ? Pour nous, qui avons une foi adultes, pas besoin ?
Au risque d’être simpliste… Avez-vous tous des amis ? N’en voyez-vous pas la nécessité ? Ne sont-ils pas sur cette terre déjà des personnes qui vous aident à aller de l’avant, qui vous soutiennent, qui vous rendent service ? Vous croyez aussi à la résurrection, vous croyez que vos défunts sont au ciel et qu’ils peuvent aussi continuer à intercéder pour vous ? De même pour vos amis défunts ? Alors pourquoi choisissons-nous si peu des amis au Ciel ? Des amis que l’Eglise nous suggère parce qu’effectivement, ils sont saints ! Voici ce que dit le Pape François dans sa lettre sur Saint Joseph : « La mission spécifique des saints est non seulement d’accorder des miracles et des grâces mais d’intercéder pour nous devant Dieu… les saints aident tous les fidèles à chercher la sainteté et la perfection propres à leur état. Leur vie est une preuve concrète qu’il est possible de vivre l’Evangile ».
Depuis hier, nous sommes rentrés avec le mois de mai, dans le mois de la Vierge Marie. Il nous faut redécouvrir que sa Présence dans nos vies, sa maternité n’est pas une option de notre foi. Quand Jésus sur la Croix dit à Saint Jean : « Voici ta mère », Saint Jean Paul II nous explique qu’à ce moment, Jésus fonde concrètement le culte marial dans l’Eglise. Il fait comprendre sa volonté que Marie reçoive de tous les disciples, c’est-à-dire de tous les baptisés un sincère amour filial. Vous comprenez donc bien, que le culte marial n’a pas été inventé par les chrétiens, mais provient de la volonté explicite du Christ.
J’en viens donc à Joseph… Le mois de Marie commence par une fête de Joseph et ce n’est pas si étrange. Souvenez vous de cette phrase qui vous a pour la plupart marqué pour toute votre vie : « Que ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas ». Si nous recevons Marie, nous devons aussi recevoir Joseph. Ce n’est pas très sympa d’inviter à un dîner l’épouse seulement sans son époux… ce n’est pas très correct. Marie et Joseph sont intimement liés par Dieu et cela demeure dans le Ciel. Ils ont chacun une grâce propre à nous donner de la même manière qu’un père et une mère ont chacun une grâce propre à donner à leurs enfants.
I Joseph : un visage du Père
Pour bien comprendre le rôle de Joseph dans la vie de Jésus, je vous propose de reprendre l’Evangile. Voici ce que dit Jésus : « Moi, je suis la vraie vigne, et mon Père est le vigneron ». Jésus parle ici de son Père du Ciel, mais c’est aussi vrai de son père de la terre. Joseph est ce vigneron qui a pris soin de cette vigne qu’est Jésus. Le Pape François nous dit que Jésus a vu en Joseph la tendresse du Père. Ceci est vrai parce que Joseph a été ce père aimant, délicat et tendre. Il a été ce Père qui a pris soin de son enfant et qui ainsi a bien exercé sa paternité sur Jésus. Alors même qu’à douze ans, Jésus était dans le Temple et enseignait les docteurs, il est repris par sa mère qui lui dit : « Vois comme ton père et moi, nous avons souffert en te cherchant ! » alors Jésus redescend à Nazareth et est soumis à ses parents. Jésus a été cet enfant obéissant qui a reconnu en Joseph son père de la terre, bien plus qui a reconnu en lui l’image de son Père.
Et bien frères et sœurs, de la même manière que nous avons besoin d’une mère et que nous recevons ainsi la Vierge Marie, de la même manière nous avons besoin d’un père, d’une figure incarnée de notre Père du Ciel et c’est Joseph. Nous avons plus que jamais besoin de ce Saint aujourd’hui. Nous avons besoin de cette figure de tendresse qui vienne prendre soin de nous avec délicatesse. Combien ont souffert dans leurs liens avec leur père et particulièrement d’un manque de tendresse ? combien parmi les pères, avons-nous besoin de l’exemple de Saint Joseph pour vivre une paternité ajustée ? Combien, parmi nous tous, ont besoin d’une image d’homme qui est respectueux et chaste ?
II Joseph : l’intendant du Père
Jésus a vécu son enfance sous l’ombre de Joseph. Il a reçu de lui la pain quotidien mais aussi la Parole de Dieu comme c’était la tradition dans les familles juives. Joseph a été cet intendant du Père qui a pris soin du don qui lui a été remis. C’est pour cela qu’on l’appelle l’intendant des mystères de Dieu. Lui, l’humble charpentier, il a tout mis en œuvre pour la croissance de son enfant. Il a mis cette intelligence créative souligné par le Pape François pour que son Fils ne manque de rien, pour qu’il reçoive le meilleur. Et Jésus de son côté a eu cette humilité, lui le Fils de Dieu, lui la Parole Incarnée, lui le Pain quotidien de la multitude, de se laisser enseigner par Joseph. Il nous a ainsi montré la petitesse évangélique. Vous le savez, c’est notre vocation ! Nous sommes appelés à cette petitesse évangélique, nous sommes appelés à être les enfants du Père. Ainsi, laissons Saint Joseph être l’intendant de Dieu pour nous ! Laissons-le veiller sur notre croissance ! Laissons-le être cet intercesseur pour que le mystère de Dieu croisse en nous, pour que la vie de Dieu s’épanouisse en nous.
III Joseph : notre protecteur
Joseph a été aussi celui qui a particulièrement protégé l’Enfant Jésus. Il l’a protégé à sa naissance, il l’a surtout protégé d’Hérode en fuyant en Egypte. Plus qu’une simple protection physique, il a été la demeure de l’Enfant Jésus. C’est pour cela que Saint Joseph est l’homme de paix qui défend le corps du Christ. Il ne le fait pas avec violence, à grand cri. Il le fait efficacement tout en étant discret et humble. Et bien frères et sœurs, ne le savez-vous pas ? Vous êtes le corps du Christ ! Et c’est pour cela que Saint Joseph est notre protecteur, le protecteur de toute l’Eglise. Il est celui qui si nous le choisissons nous protège lors de nos combats qu’ils soient spirituels ou bien plus humains. Mais voyez encore comment il a protégé Jésus. Ce n’est pas un personnage type, Batman, Superman ou Spiderman, bien qu’aujourd’hui on préfèrerait barman… Sa protection n’est pas dans la force, dans l’éclat. Elle n’est pas non plus dans un repliement sur soi, non plus dans des revendications, ou en se mettant au-dessus des autres. Saint Joseph nous montre la vraie manière d’être protecteur, sans peur, avec confiance. Sûr que Dieu donne sa grâce.
Frères et sœurs, je nous invite donc en cette année à choisir Saint Joseph. A le choisir comme celui qui nous montre le visage de notre Père du Ciel, à le choisir comme celui qui veille sur notre croissance, celui qui nous protège de tous les dangers. Pharaon disait dans l’Ancien Testament à ceux qui avaient besoin de pain : « Allez à Joseph et faites ce qu’il vous dira ». Et bien, allons à Joseph et nous trouverons le Pain de vie, le Christ !